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[Concours n°5] La Citadelle - Noko

5 participants

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[Concours n°5] La Citadelle - Noko Empty [Concours n°5] La Citadelle - Noko

Message par Théo le Fragile Dim 30 Sep - 19:32

[Donc ça c'est ma participation au concours, j'avais cette image, la zolie image d'Harkane si je ne m'abuse]
[Concours n°5] La Citadelle - Noko 510

[C'est pas fini, j'essaierai de l'avancer vite, promis. Voilà bisous -Noko]

La Citadelle.

L’histoire que je vais raconter parle d’une planète dévastée. Parasitée pendant de trop nombreuses années par des habitants égoïstes et inconscients, elle a fini par rendre l’âme, laissant ses habitants livrés à eux-mêmes. Et cette planète… C’est la nôtre.

Décembre 2537. Le chaos règne sur la Terre depuis maintenant 150 ans. L’atmosphère est toxique et radioactive. Les groupuscules d’humains survivants vivotent difficilement, en mangeant quelques racines primaires, des galettes de sable et d’argile, ou les cadavres de leurs anciens camarades, morts de faim ou d’épuisement. A cause des radiations présentes dans l’air et dans l’eau, certains d’entre eux ont été sujets à des mutations physiques aléatoires, accompagnées d’un changement de comportement drastique et d’une perte de mémoire et de faculté à parler.

Des pas faisant voler le sable. Des respirations haletantes. Des grognements. Aujourd’hui… Deux femmes et un enfant courent à perdre haleine, dans le sable. Derrière eux, un être visiblement anciennement humanoïde, horriblement déformé. Seuls ses râles de fureur et d’agonie  perturbaient le bruit impassible du vent qui balayait le désert sans fin.

Ils courent. Ils ne pensent qu’à courir. Leur vie dépend de cette course. Mais où s’échapper ? Où s’abriter ? Il n’y a aucun obstacle dans cette étendue de sable qui s’étend jusqu’à l’horizon.

Doucement… L’une des deux femmes ralentit. Ses épaules tombent. Sa tête chute en avant. Ses longs cheveux sales dégoulinent sur son visage rougi, des mèches s’agglutinant sur son visage détrempé de sueur. Elle pose un genou à terre, désespérée, résignée. L’enfant, voyant que sa camarade de fuite ne suit plus, court vers elle, haletant. Il la tire, il crie, il fait tout son possible. Mais rien n’y fait. Elle ne bouge plus. Elle ne redresse même plus la tête vers la source du bruit. Plus rien ne semble l’atteindre, pas même les pleurs et les cris désespérés de l’enfant. La seconde femme regarde la scène de loin, complètement immobile. Elle regarde la créature qui clopine avec vigueur jusqu’à ses deux victimes faciles, médusée. Quand tout à coup… Quelque chose la tire avec énergie vers l’arrière.

Elle pousse un cri de stupeur, étouffé par son essoufflement, pendant qu’une pince télescopique la traîne en arrière sur plusieurs mètres… Puis s’immobilise, la laissant se relever en toussant du sable. Elle ouvre un œil, en suffoquant, dégageant ses cheveux emmêlés et sableux de son visage écorché. Mais son agresseur ne ressemble en rien à un mutant… C’est un humain, visiblement. En combinaison intégrale dernier cri. Aucun visage n’est visible derrière la vitre sans tain de son scaphandre. Sa combinaison en caoutchouc rigide est marquée par le chiffre « 02 ». Elle n’en croit pas ses yeux.

Elle est sauvée.


Un autre scaphandrier lui prend le bras et l’entraîne vers la zone opposée à la bataille. Pendant ce temps, deux personnes en combinaison s’avancent vers la zone de danger d’un pas pressant. Ils sont vite rejoints par un autre collègue, doté d’une arme à feu futuriste.

« - Crr… Un, deux, un, deux…. 03 à l’appareil. J’ai isolé la première rescapée. Où sont les deux autres ?
- Ici 01… Crr… Les deux autres sont repérés. Une femme et un enfant. Environ huit ans. Elle doit avoir la trentaine. Un dissemblable arrive droit sur eux.
- Ici 04 ! Crr… On aura pas le temps de neutraliser le dissemblable. Il faut éloigner la fille et l’enfant, ils n’ont pas l’air de vouloir se battre ! »

Voyant les personnes en scaphandre arriver, la jeune femme relève la tête, prise d’un élan d’espoir. Elle se lève, et titube vers les silhouettes, traçant un demi-sourire sur son visage déformé par la fatigue… Puis retombe au sol, avec un cri sourd.

Le dissemblable les avait rattrapés. Il était là, derrière le duo. La jeune femme s’écroule au sol, une large balafre ouverte dans le dos. La créature, poussant encore des cris rauques, enfonça avec hâte un bras déformé tout droit dans la plaie ouverte, action accompagnée par un cri déchirant de la part de sa pauvre victime. L’enfant, criant et pleurant à chaudes larmes, se jeta désespérément sur le monstre, essayant de le repousser de toutes ses petites forces restantes. Mais il fut repoussé par un violent coup de griffe, qui l’envoya valser quelques mètres plus loin.
Un projectile heurta le dissemblable tout droit dans la gorge. Il poussa un hurlement de douleur, et s’enfuit en titubant. Il s’enterra à quelques mètres de sa proie qui bougeait encore faiblement. Les scaphandres 02 et 04 foncèrent vers la jeune femme à terre, pendant que 01 se rua vers l’enfant ayant perdu connaissance pour le mettre en sécurité.

La jeune fille était très mal en point. Elle tendit une main tremblante et misérable vers les combinaisons, les yeux semi-ouverts. Du sang ruisselait de la plaie béante et de sa bouche. Elle tentait de parler, mais aucun son ne sortait de sa bouche, seulement des souffles rauques et douloureux.

« - … crr… Ici 03 ! 02, 04, que faites-vous ? Dépêchez vous ! Le dissemblable va revenir !
- I- ici 02 ! Crr… Elle est encore vivante, mais… E- elle est très mal en point… il faut la soigner mais… J’ai peur de la déplacer, je-
- 04, je prends le fil. On la descend, et on arrive.
- 01, bien reçu. On vous attend. »

Sans aucune hésitation, 04 pointa son arme droit dans le front de la jeune femme et tira. Sa main retomba sur le sol aussi sec, et sa tête fumante fit un bruit sourd en tombant dans le sable. Le scaphandrier vétéran prit 02 par le bras, et le tira vers le point de rendez-vous, un énorme vaisseau à l’air austère, véritable bloc de béton volant peu esthétique, mais blindé. Le mutant, au départ des scaphandriers, se déterra bien vite et courut se délecter du cadavre encore frais.

A l’instant ou la porte se ferma derrière les derniers agents, le vaisseau décolla bien vite. Les deux prirent un ascenseur et filèrent sur deux étages, pour se retrouver dans une espèce de salle de réunion aux murs fades. Une simple table se trouvait au milieu, éclairée par un néon artificiel qui balayait la pièce d’une lumière blafarde. La rescapée, ainsi que les scaphandres 01 et 03 attendaient ici, ayant ôté leur casque, se remettant de leurs émotions. Les deux derniers casques s’ôtèrent rapidement.

La jeune terrienne voyait ses sauveurs échanger quelques mots, mais tout ce qu’elle venait de vivre tournait dans sa tête, brouillant tout ses sens. Elle plissa un peu les yeux, les mains sur le front, pour observer au mieux leurs visages.

Le premier était un homme d’environ trente-cinq ans. Ses traits fins et les quelques rides qui ornaient son front dégarni laissaient supposer une vie difficile, source de soucis. Quelques mèches de cheveux claires tombaient sur son cou bruni, couleur caractéristique des natifs de la Terre dans son état actuel. Il tirait de grosses bouffées sur une grande pipe en métal et soufflait de la vapeur d’eau bleutée, un peu étrange. Il avait l’air d’être habitué aux sauvetages et restait de marbre… Ce qui n’était pas le cas de tout le monde.

Le scaphandre 02 révéla une jeune fille qui n’avait peut être même pas la vingtaine. Elle tremblait de tous ses membres, visiblement très choquée par la scène qui venait de se dérouler devant elle. Elle posa délicatement son casque sur la table et s’assit lourdement sur une chaise, sans prononcer un mot. Ses grands yeux d’un bleu pastel étaient embués de larmes, et quelques petites gouttes s’échappèrent pour couler sur ses joues d’albâtre pleines de tâches de rousseur. Elle passa une main dans ses bouclettes d’un blond platine, pour cacher son émoi.

« Liv… ça va aller ? »

La combinaison 03 ne reçut aucune réponse. C’était un jeune homme au visage rond et aux traits très enfantins, légèrement bronzé. Il restait en retrait par rapport au reste du groupe et ne bougeait pas de sa chaise, les yeux baissés. Il avait un regard clair et doux, empreint de chagrin et de douleur, obstrué par des petites lunettes de vue ovales, posées sur son nez camard. Une masse de cheveux noirs bouclés assez impressionnante camouflait à moitié son visage tout en courbes.

Le quatrième alla poser une main paternelle sur l’épaule de la jeune fille. C’était un homme d’environ cinquante ans, aux épaules carrées et au charisme indiscutable. Ses grosses mains pleines d’histoire étaient restées dignes et droites, malgré quelques cicatrices, et un doigt en moins. Son visage était couronné d’un grand nez grec, et ses cheveux grisâtres ramenés en arrière avaient encore quelques mèches blondes. Dans ses petites orbites luisaient deux prunelles d’un bleu pénétrant, qui pouvaient sans doute transpercer n’importe quel être pour lire au plus profond de son âme.


« - C’est comme ça, Liv. Les humains sont des proies, sur Terre. Nous devons laisser faire la nature. Nous n’aurions pas pu la sauver.
- … Papa, je…
- Je t’avais prévenu que ce genre de sorties ne se déroulaient parfois pas très bien. C’est toi qui voulait voir la Terre, non ? Tu vois bien que la vie y est impossible… Si nous restons dans la Citadelle, c’est pour notre sécurité et notre survie à tous.
- M- mais… Comment… Comment tout à pu devenir si… Désolé..? Nous- nous avons vécu sur ces terres !
- C’est comme ça. Nos ancêtres ont fait n’importe quoi, nous en avons payé le prix. C’est tout. Liv, ma chérie… Je sais que tu aimerais revenir sur Terre… Mais c’est impossible. La Citadelle est le meilleur endroit pour nous… Et les humains restants n’ont pas une vie facile. »

La jeune blonde se tut, retenant ses larmes. Son père la prit brièvement dans ses bras, stoïque.

« Et puis notre dernière sortie n’a pas été un total échec. Nous en avons quand même sauvé deux… D’ailleurs, mademoiselle, vous êtes ici depuis tout à l’heure et nous ne connaissons même pas votre prénom. »

La rescapée releva la tête, ses yeux bruns reprenant doucement vie. Elle passa une main dans ses longs cheveux emmêlés et sales, et toussa un peu, faisant s’élever une fine couche de poussière de ses vêtements en lambeaux.

« - Je… M’appelle Lucine… Merci de m’avoir sauvée, monsieur…
- Pas de quoi. C’est mon métier. Je m’appelle Ludwig Stelher. Vous pouvez m’appeler commandant Stelher, ou simplement commandant. Voilà ma fille, Liv. Celui qui fume, c’est mon collègue Darnell. Et le jeune homme au fond, c’est Andréas.
- … Enchantée… Merci. Vraiment. Mais… Où- où sont…
- … Je suis désolée. Nous n’avons pas réussi à sauver votre collègue. Mais l’enfant va bien… Il est à l’infirmerie, il se repose. »

La jeune femme, abasourdie par la nouvelle, s’effondra sur la table. Elle s’approcha sans le vouloir de Darnell, qui recula vivement.

« - Désolé. Vous n’êtes pas blessée, mais… Nous n’avons pas vérifié votre taux de radioactivité. Nous préférons éviter tout contact avec vous pour le moment.
- … Que… Comment…
- Eh bien, désolé de vous annoncer ça, mais vous n’allez pas pouvoir emménager tout de suite dans la Citadelle, au sein de la communauté. Vous devez passer par deux semaines de quarantaine avant. Vous voyez le mutant qui était lancé à votre poursuite. C’est le fruit de la radioactivité poussée sur les corps humains. Nous allons vous détoxifier à votre arrivée, mais parfois, cela ne suffit pas. Nous ne pouvons pas risquer d’avoir un seul dissemblable dans la Citadelle, le désastre serait total. Quand tout danger sera écarté, vous pourrez, vous aussi, avoir un appartement et un trousseau, et vivre comme nous tous. »

Lucine se tua, en hochant gauchement la tête. Le commandant Stelher ne tarda pas à saluer et à changer de salle, laissant les quatre compères seuls dans la petite salle de réunion. La rescapée fixait Liv, intriguée par cette jeune fille toute frêle qui, pourtant, avait l’air d’aimer la terre désolée de laquelle elle venait de tout son cœur. Le reste du voyage se passa dans le silence.

Après trois petits quarts d’heure, le vaisseau transperça une énième couche de déchets en orbite et le panorama s’ouvrit sur une pagode démesurée, volant comme par magie dans l’espace. Des vaisseaux de toutes les tailles s’agitaient autour des tours en permanence, comme une nuée d’étourneaux dans un ciel dégagé. La Citadelle. Véritable bijou de la technologie, la Citadelle est un engin volant dernier cri qui abrite tous les humains ayant eu suffisamment d’argent pour se payer une place en son sein. A bord, tout le nécessaire pour vivre une vie paisible : école, université, activités, supérettes, restaurants… Ce havre de paix spatial est en perpétuelle construction pour que personne ne manque de rien, et pour pouvoir accueillir sans arrêt de nouveaux arrivants.

Le vaisseau s’amarra et tout le monde sortit dans une pièce blanche, pleine de machines étranges et de bras high-tech qui s’agitaient dans tous les sens pour nettoyer le vaisseau. Lucine n’eut pas le temps de constater ce qui se passait autour d’elle qu’une petite tête blonde fonça sur elle en criant son nom à plein poumons. L’enfant sauvé in extremis venait de se jeter sur elle en pleurant et en reniflant, criant des mots inintelligibles.
Lucine referma son étreinte sur l’enfant, et se fit vite entraîner par des employés en blanc dans un tunnel sombre, comme tous les autres passagers rescapés.

Liv sortit sur le dos de Darnell, complètement abattue. Andreas marchait nonchalamment derrière, visiblement secoué aussi, malgré tout. Un jeune homme vint à leur rencontre, le buste courbé vers l’avant, les yeux fixés sur un petit écran holographique partant de sa montre. Il avait un style très particulier, habillé tout en noir, avec des vêtements trop longs mais plutôt proches du corps. Plusieurs piercings ornaient son visage ovale et fin : un medusa, des snakebites, un septum, un bridge, un industriel sur l’oreille droite et trois piercings de plus à chaque oreille. Ses yeux noirs en amande dénotaient des origines asiatiques, et il était coiffé d’un carré raide orné de plusieurs barrettes sur les côtés. Son air renfrogné et légèrement hautain lui donnait une aura assez insupportable dont il n’avait pas l’air de se rendre compte. Il se dirigea vers Darnell, levant un œil méprisant sur Liv.

« - … qu’est ce qui s’est passé ?
- Bonsoir, Sheng. »

Le jeune homme leva les yeux au ciel avec un soupir résolument exagéré.

« - Lâche moi un peu avec la politesse. Je fais ce que je veux. Accouche.
- Nous avons assisté à une attaque de dissemblable. Elle n’était pas vraiment prête.
- Quelle fragile. C’est trop cool de voir ça. L’espèce humaine se faire déglinguer. La nature reprend ses droits sur cette race de pourris. »

Darnell ne commenta pas plus et reprit tranquillement sa pipe. Sheng se tut quelques secondes avant de reprendre. Il ouvrait à peine la bouche pour parler, mâchant une syllabe sur deux sur un ton monocorde.

« - Vous en avez sauvé ?
- Bien sûr. Une cinquantaine en tout. Sur l’expédition de Liv et Andréas, on en a sauvé deux.
- J’peux aller les voir ?
- Je pense qu’ils sont encore en détoxification…
- Je m’en fous. »

L’asiatique mit ses écouteurs et s’engouffra dans le couloir dans lequel les rescapés venaient de passer. Darnell n’essaya même pas de le retenir ; il savait bien que le jeune homme avait la tête dure.

Le jeune homme passa dans une série de couloirs, tous plus sombres les uns que les autres. C’était un vrai labyrinthe, mais il le connaissait par cœur. C’était un habitué de la zone de quarantaine : ce qu’il aimait par-dessus tout, c’était regarder les comportements et les allures des nouveaux arrivants. La terreur et le chagrin lisible dans leurs yeux le fascinaient.

Il arriva devant une  grande porte en métal, équipé de plusieurs serrures électroniques fermées et de deux caméras. Il sortit une petite carte de sa manche et la passa devant les serrures, qui s’ouvrirent aussitôt. Il pénétra alors dans un grand hall blanc et aseptisé. Quelques personnes en blouse faisaient des allers retours, entrant dans différentes portes battantes qui donnaient sur trois couloirs distincts : la première porte indiquait « Détoxification », la deuxième « Cellules de quarantaine », et la troisième « Cellules d’isolement ». La troisième porte était verrouillée, et les médecins entraient à l’aide d’un pass. Sheng poussa la première porte, empli de curiosité.

Il arriva dans une grande salle aux coins arrondis, blanchâtre, qui paraissant infiniment grande. Les médecins s’affairaient de partout, galopaient d’un bout à l’autre de la salle sans se bousculer. Ils s’engouffraient dans des petites alvéoles creusées sur le mur d’en face, isolées des chambres d’à côté par des sas stériles. Ces alvéoles menaient à des chambres individuelles très étroites dans lesquelles il n’était sans doute pas possible de tenir à trois. Visibles depuis la salle principale grâce à des vitres sans tain, elles étaient numérotées et étiquetées avec le nom et l’âge de leur occupant. Elles contenaient en effet chacune un rescapé, nu. Les médecins entraient un par un dans la salle, lavaient les terriens avec des produits aux couleurs fluorescentes qui se ternissaient en enlevant la poussière et la saleté. Ils en profitaient pour les inspecter. Certains se faisaient couper ou raser les cheveux. Les survivants révélant une plaie infectée étaient immédiatement transférés dans des cabines roulantes fermées et changeaient de service.  Cette pièce ressemblait à un immense musée, dans lequel était exposé des corps grotesques, blessés, déformés, se contorsionnant tels les folles de Charcot.


Sheng s’attardait devant  les vitres, comme un adolescent faisant du lèche vitrine. Ces gens déformés par la vie le fascinaient. Il était subjugué par leurs corps sales, leurs visage déformés d’émotions contraires. Certains pleuraient de joie, d’autres ne bougeaient pas, assis au fond de leurs cellules. Plus aucun n’avait conscience de leur nudité, plus personne n’avait une once de pudeur. Certains criaient des prénoms, affolés par l’idée de se séparer d’un être cher, ou encore traumatisés par leurs expériences sur Terre. Certains fuyaient à l’arrivée des médecins, se contorsionnaient dans tous les sens sans explication, vomissaient au contact du produit. Ce spectacle glauque du tréfond des sentiments démesurés créés par le cerveau humain était assez incroyable, et ne pouvait se contempler nulle part ailleurs dans la Citadelle.

Lucine faisait partie de ces sujets calmes. Elle entendait l’enfant de son amie, Théophile, son petit protégé, pleurer à chaudes larmes à côté et crier son nom. Il était encore trop jeune pour comprendre, et ses tentatives de toquer au mur de sa cellule pour le rassurer avaient été infructueuses. Rien n’avait été expliqué. Elle ne savait pas ce qui l’attendait. Ce sentiment insupportable d’incompréhension profonde lui donnait des frissons, mais elle s’efforçait de ne penser à rien, enfouissant sa tête dans ses genoux. Un médecin arriva, vêtu d’une combinaison blanche intégrale, et portant un masque respiratoire. Sans rien dire, il la leva, et commença à l’examiner sous toutes les coutures. C’en était trop pour Lucine, qui sentit son stress monter, monter, et qui fut incapable de le contrôler davantage. Elle commença à se débattre comme une lionne, en poussant d’effrayant cris gutturaux. Le masque du médecin grésilla légèrement : aussitôt, trois autres hommes en blancs arrivèrent. Deux bloquèrent le sas, le troisième entra et plaqua brusquement la jeune fille en furie contre le mur, aidé de son collègue déjà aux prises avec elle. Vif comme l’éclair, il prit une seringue et lui injecta un liquide jaunâtre directement dans la carotide. Lucine poussa un cri et s’effondra presque aussitôt. Elle fut rapidement transférée en cabine et changea de service.

Le vacarme avait attiré Sheng. Il accourut voir le sujet difficile, anesthésié dans la cabine, les yeux vitreux et la bouche ouverte. Il resta coi quelques instants, impressionné par la vue de ce corps inerte, comme si son âme s’était échappée. A ce moment précis, le petit Théophile fut pris d’un mouvement de folie, et ses cris redoublèrent. Il frappait  sur la vitre, et allait jusqu’à se jeter contre les murs, hystérique. Quelques contusions ne tardèrent pas à apparaître sur son corps tout frêle. Sheng se rapprocha un peu de la vitre, intrigué : le petit garçon entraperçut sa silhouette dans la vitre teintée et redoubla de rage, frappant sa tête contre la vitre, hurlant et tempêtant. Son arcade sourcilière s’ouvrit d’un coup, éclaboussant d’une gerbe de sang la vitre toujours intacte. Sheng poussa un cri strident en se reculant vivement, médusé par ce petit bonhomme enragé, au corps et au visage déformé par une rage animale et primitive.

Trois médecins s’approchèrent rapidement de la cabine de Théophile. L’un d’entre eux remarqua le petit asiatique qui s’était immobilisé, livide, trois pas plus loin. Il retira son masque et s’approcha de lui, l’air sévère.

« Qu’est ce que tu fais là ?! »

Sa voix était tonitruante et austère. Sheng resta muet, épouvanté par la scène qui venait de se passer devant lui.

« - On t’a répété plusieurs fois de ne pas revenir dans la Ruche. C’est dangereux ici ! Tu veux devenir mutant, tu veux tomber malade ?
-  J- je, je…
- Ce n’est pas parce que ton père est le chef de la Ruche que tu as tous les droits ! Tu mets notre travail en péril, et des vies en péril ! Si tu veux venir, fais un stage, arrange toi pour avoir une combinaison et un surveillant. Sinon, je ne veux plus te voir ici ! »

Sans même attendre sa réponse, il remit son masque et alla rapidement aider son collègue qui immobilisait la petite furie, pendant que le troisième bloquait le sas. Théophile subit le même traitement que son infortunée compagne : une seringue directement dans la carotide qui lui soutira un horrible cri éraillé, et un changement de service en cabine.

Sheng fut contraint de sortir, escorté par deux médecins, puis se fit jeter dans un ascenseur de service qui le ramena au cœur de la Citadelle. Il se retrouva dans un hall gigantesque, surpeuplée, dont on ne voyait même pas les quatre murs. C’était le cœur de la Citadelle, le bâtiment de toutes les infrastructures publiques. Des centaines et des centaines de rangées composée de quatre ou cinq ascenseurs étaient installées, et chaque rangée d’ascenseurs était sujette à une queue importante, mais perpétuellement en mouvement. Les ascenseurs filaient à une vitesse assez incroyable entre les étages, et personne n’attendait vraiment longtemps avant d’atteindre l’endroit qu’il convoitait. Sur les côtés de la salle, une trentaine de lignes de navettes menaient aux autres halls de la Citadelle. Chaque ligne était composée de plusieurs capsules, ce qui permettait à plusieurs personnes de rejoindre d’autres halls simultanément.-à suivre...-
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Message par Lasi/Léo Dim 30 Sep - 20:33

[J'adore le petit univers post-apo que tu nous offres la. Très différent de l'image du Fragile :3
Que dire, sinon que j'aime énormément la nouvelle définition de l'humanité et le rapport à l'inhumain, avec les rescapés et les créatures, ainsi que la différentiation entre les citadins et les terriens. Sheng est un personnage qui est très intrigant, et j'ai personnellement hâte de lire la suite.
Si je devais néanmoins donner un bémol, ce serait sur les descriptions qui sont pour la plupart superficielles. Plus de détails donnerait plus de matière à ton monde, et je pense que ça renforcerait la sensation de dégoût qu'on peut avoir avec certaines scènes.
Beau travail ! ]
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Message par Birth Dim 30 Sep - 20:34

*Reprend sa respiration*

Bon ah y est c'est lu ! Et déjà un grand bravo pour avoir tiré tout un univers d'une simple image, c'est jamais simple et tu as réussi quelque chose d’assez ouf. C'est grand, c'est très grand,, tu te lances dans une grosse histoire et il y a plein de choses à expliquer.

Je pourrais dire que ça va très vite, trop vite peut-être, mais face à un récit de cette taille si on ne veut pas y passer la vie on a pas trop le choix. C'est très bien écrit en tout cas, et ça se lit bien.

On a beaucoup d'informations à assimiler, les débuts sont durs et on passe d'un personnage à l'autre avec difficultée.

CEPENDANT

Ces personnages sont très bien définis, chacun à sa personnalité, sa description propre et soignée et son attitude. J'ai commencé à lire, je me suis perdu, j'ai eu du mal puis j'ai vu Liv. Vraiment ta description me l'a parfaitement representée, je l'ai imaginée avec son attitude propre et ses réactions m'ont semblées cohérentes et logiques !

Idem avec Sheng par la suite qui me captive autant que lui peut se montrer captiver par la souffrance humaine.

Je vois un peu les pistes que peuvent prendre ton histoire, j'attendrais la suite pour en dire plus mais déjà j'aime ce que je lis !
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Message par Heaven Dim 30 Sep - 21:11

Heyy ! Alors déjà, et comme dit plus haut, l'idée d'un univers post-apo est très sympas et on ne s'y attend pas tellement, l'image donné évoquant surtout le fantastique et la fantaisie je trouve ! Par les dragons entre autres x)
Le style d'écriture est agréable et j'ai trouvé que la tension de la courte poursuite du début était très bien installée !
Les personnages introduits sont assez nombreux et j'avoue ne pas encore avoir déterminé qui sera le personnage principal.
Cela pouvant être dû au fait que nous n'ayons pas de focus sur l'un d'entre eux en particulier, le début se concentrant sur le couple de terrien, le voyage sur Liv et son père et le passage dans la ruche sur Sgeng. Mais cela est aussi dû, selon moi, au fait que chacun d'entre eux est très bien introduit par les descriptions de leur physique, la présentation sommaire de leur personnalité qui donne envie d'en savoir plus et des noms très bien choisit qui évite que l'on puisse les confondes .
C'est d'ailleurs assez amusant de voir que chacun à son favoris. Moi ayant par exemple adopté Liv et Andréas. J'aime tout particulièrement la simplicité du nom de celle-ci et le nom de ce dernier car... Il sonne bien ? x')
Sa description l'introduisant elle aussi avec une certaine adresse "Il avait un regard clair et doux, empreint de chagrin et de douleur, obstrué par des petites lunettes de vue ovales''. Un gros bravo là-dessus !
De mon côté le personnage de Sheng m'est apparu profondément antipathique :v
Côté petits défauts, certaine tournures de phrases me semble assez maladroites par moment, notamment:
"Le mutant, au départ des scaphandriers, se déterra bien vite et courut se délecter du cadavre encore frais"
Le ''bien vite'' et ''encore frais'' donne un air presque comique à la scène je trouve. Sans méchanceté x')
L'énumération des piercing de Sheng ne me semblait pas très utile : "un medusa, des snakebites, un septum, un bridge...", je les ais recherché un à un dans google.. xD
A titre plus personnel enfin, je ne connaissais pas vraiment l'expression ou la référence des "folles de Charcot" et l'expression assez inhabituelle conjuguée à ce temps m'a laissé échappé un petit rire quant au "Lucine se tua".. Mais c'est vraiment moi ça x')

Malgré tout, le texte et l'univers restent très agréables et les personnages se montrent vites attirants pour le lecteurs. On se demande vraiment comment l'histoire va évoluer '^'
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Message par Mama Koi Lun 1 Oct - 21:29

J'aime beaucoup l'idée d'un mix entre MadMax et Bespin, la cité des nuages dans Stars Wars... comment ça c'est pas ça l'inspiration?!

L'univers que tu dépeints me plait énormément (même si j'ai déjà envie de crucifié Sheng).

En une seul phrase tu as réussi développer les personnages de l'escouade et ça c'est fort.

C'est pas très constructif comme commentaire (et un peu dithyrambique aussi) mais continue c'est pas mal du tout.
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